Le skipper rétais, qui vient de boucler son premier Vendée Globe, était présent, ce mardi 25 février 2025, à la Communauté de communes, pour revenir sur son aventure et répondre à vos questions.
Vous étiez près de 250, ce mardi 25 février 2025, drapeaux « Bravo Antoine ! » fièrement brandis, pour acclamer le premier skipper Rétais à boucler un Vendée Globe.
Arrivé en 28e position aux Sables d’Olonne, le 14 février dernier, Antoine Cornic a pris le temps d’évoquer son périple de 96 jours à travers les océans et de répondre, l’œil pétillant, à vos nombreuses questions.
Le récit de sa course, d’abord. Interrogé par Emmanuel Legas, journaliste au Phare de Ré et animateur de cette soirée, Antoine est revenu sur ses premières semaines en mer, « une fois les émotions du départ évacuées ».
« On savait qu’on ne partait pas à la guerre. Le début de course était tranquille », rejoue-t-il. Celui qui pointait en 4e position après une semaine essuie une première dépression, « mais dans le bon sens », précise-t-il, et franchit l’équateur après 14 jours de navigation.
Puis, viennent les premières galères. D’abord, une avarie de voile d’avant, qui « termine en lambeaux ».
Ensuite, un rail arraché qui l’oblige à dérouter et mouiller au large de l’île de Saint-Paul, après 4 jours de navigation. « J’avais besoin de me mettre en sécurité pour travailler au mât », explique-t-il.
Au beau milieu de l’océan Indien, perché en haut de son mât pendant 6 heures, le marin répare son rail. Sans assistance, perclus de douleur et seul. Enfin presque, puisqu’à proximité, un pêcheur de langoustes veille sur lui. « Je l’ai prévenu : « attention : je suis en course, c’est interdit de venir m’aider » ! Je lui ai seulement donné l’autorisation de me surveiller en cas de problème ».
Antoine reprend la route et passe le Cap Leeuwin, au large de l’Australie, le 22 décembre.
Vient alors ce qui restera son meilleur souvenir : une dépression des enfers, des vents à 157 km/h et des vagues « plus hautes que le plafond de la salle », décrit-il. « C’était magnifique. Tout se mélange : la beauté des lumières, l’angoisse, l’excitation… Je ne maîtrisais plus rien, je faisais corps avec le bateau ».
Mi-janvier, le Rivedousais passe le Cap Horn, au sud du Chili, synonyme de remontée de l’Atlantique. « Je ne l’ai même pas vu ! Je venais de sortir d’une dépression, il faisait froid et il y avait des icebergs. Je ne les ai pas vus eux non plus ! ». En revanche, il ne manque pas les albatros qui tournoient au-dessus de sa tête. « C’est comme s’ils voulaient me dire aurevoir. Ensuite, je mets le clignotant à gauche et je rentre à la maison ».
Un retour à la maison qui interviendra tout de même un mois plus tard, après des milliers de kilomètres et leur lot de difficultés : une bulle anticyclonique, qu’il négocie à merveille pour distancer deux concurrents, des nuits sans sommeil et les terribles alizés de l’Atlantique Nord. Il faut bien ça pour venir à bout de l’Everest des mers.
À savoir : la Communauté de Communes soutient financièrement le Vendée Globe d’Antoine Cornic depuis 3 ans.
Les réponses d’Antoine à certaines de vos questions…
– Qu’est-ce qui t’a le plus manqué ?
Antoine Cornic : « L’être humain est super bien fait. On s’habitue à tout. Au début, beaucoup de trucs nous manquent et, finalement, on s’acclimate très vite au fait de ne pas avoir grand-chose. Mais, le truc qui m’a vraiment manqué, ce sont les toilettes. »
– Le retour à la réalité est-il difficile ?
A.C : « Ces 96 jours en mer sont passés à une vitesse folle. Sur l’océan, j’aime être seul mais, à terre, j’aime le partage et la compagnie ».
– Comment as-tu géré ton sommeil ?
A.C : « On dort par petites séquences, entre 20 minutes et 3 heures maximum. C’est important de bien se connaître. Par exemple, notez, tous les jours, les heures où vous baillez. Vous verrez au bout de 2 mois que vous baillez toujours à la même heure. S’allonger à ces moments-là permet de récupérer énormément. »
– Veux-tu repartir en 2028 ?
A.C : « Oui, et j’ai envie de repartir sur un projet plus sportif. Le Vendée, c’est hyper jouissif, je n’ai pas vu le temps passer et en plus, ma femme est d’accord ! »