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5 questions à Gilles Ragot, l’historien derrière l’expo Maisons des bords de mer

Jusqu’au 17 août 2023, l’exposition « Maisons des bords de mer », installée au siège de la Communauté de communes, revient sur 40 ans d’histoire de la résidence balnéaire en Charente-Maritime (1945-1985). Rencontre avec Gilles Ragot*, l’historien à l’origine de ce travail de fourmi.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de votre étude sur laquelle se base l’expo’ ?

Le Conseil de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement 17 m’a commandé une étude sur les maisons balnéaires de Charente-Maritime, et particulièrement sur le modernisme après 1945. À l’issue de la 1ere année, on s’est aperçu qu’il fallait prendre en compte toutes les maisons construites dans cette période pour avoir une meilleure appréciation de l’architecture locale.

Quel est son intérêt pour les Rétais et touristes ?

Elle permet de mieux comprendre ce qu’on ne regarde pas toujours avec attention : notre architecture. Quelle est-elle ? D’où vient-elle ? Comment en est-on arrivé là ? Il ne s’agit pas de la faire aimer ou de montrer seulement des belles maisons, mais de rendre compte de notre paysage. Elle peut être aussi utile aux élus pour leurs décisions.

On y apprend que l’Île de Ré est le seul territoire ayant échappé au Régionalisme, cette tendance à l’origine de nombreuses maisons basques ou landaises dans le département. Pourquoi ?

Ré est un cas particulier. Aucun territoire n’a été autant préservé, sans doute en raison d’une volonté politique et des règlements imposés par les communes. Il y a eu moins de création qu’ailleurs mais des évolutions dans le respect de la tradition.

Qu’en pensez-vous ?

Je croyais qu’avant le pont, il n’y avait pas eu autant de constructions de maisons de vacances. C’est faux, j’en ai recensé 2200 entre 1945 et 1980. En réalité, il y a une continuité entre l’architecture traditionnelle et les réalisations contemporaines. Je suis sensible à la qualité de l’architecture rétaise. Elle se fond dans le paysage. La seule chose que je peux regretter, c’est qu’elle soit autant coupée de l’architecture contemporaine. Pour faire face aux enjeux climatiques, des évolutions seront inéluctables. Aux architectes et à ceux qui encadrent la production architecturale de trouver des solutions.

Savez-vous d’où vient l’esthétique de la maison « rétaise » ?

On a longtemps construit sans architecte. Il s’agit d’une architecture vernaculaire, c’est-à-dire faite sur place par les gens d’ici, appropriée au territoire. L’exposition de l’île aux vents explique la hauteur des maisons. Le blanc permet de se protéger du soleil. Ce savoir-faire local, qui s’explique par des raisons pratiques, est reproduit de décennies en décennies jusqu’à devenir une norme esthétique.

Pratique

Retrouvez l’expo « Maisons des bords de mer – Modernité et régionalisme en Charente-Maritime 1945-1980) » au 3, rue du père Ignace à Saint-Martin-de-Ré jusqu’au 17 août 2023. Ouverture du lundi au vendredi de 9h à 12h, ainsi que le mercredi et le vendredi de 14h30 à 16h.

* Gilles Ragot est professeur en histoire de l’art contemporain à l’université Bordeaux Montaigne après avoir enseigné à l’École nationale supérieure d’architecture de Bordeaux. Auparavant à l’Institut français d’architecture (Paris), il fut le premier responsable du Centre d’archives d’architecture.