Le 9 mai 1945, l’île de Ré se défaisait du joug allemand. 11 mois après le débarquement en Normandie, elle figure parmi les derniers territoires métropolitains libérés.
C’est l’histoire d’un chapitre long de 5 ans qui, à l’issue d’une interminable attente, se referme enfin, le 9 mai 1945.
Celui de l’occupation de l’île de Ré, que les Allemands ont étiré le plus longtemps possible.
Et pour cause : dès le début de sa prise de contrôle par l’envahisseur, en 1940, l’île de Ré est un territoire hautement stratégique en raison de sa localisation.
Alors que la construction du Mur de l’Atlantique bat son plein, la batterie Karola-Kora-Kathe est bâtie, à Ars-en-Ré, à partir de 1943. Destinée à protéger le port de La Rochelle, elle est la plus importante pièce du dispositif de défense allemand au sud de la Loire.
Après le débarquement du 6 juin 1944 et à l’aube du second débarquement allié, en Provence, en août 1944, « Hitler transforme certains secteurs côtiers en véritables forteresses afin de rendre imprenables la plupart des ports français », explique l’historien maritais Jacques Boucard*. Malgré l’évacuation d’une grande partie du Sud-Ouest, le Führer maintient 16 000 soldats dans la région.
Pour les Rétais, l’enthousiasme lié à la perspective d’une libération prochaine se mêle à la peur, nourrie par le hurlement incessant des sirènes, de subir les bombardements alliés sur le port de La Pallice.
Pire encore : la population craint les représailles de l’occupant et de la milice, à l’heure où la résistance multiplie ses actions de renseignements.
Acculé de toutes parts, l’envahisseur sait néanmoins que la perte de l’île de Ré est inéluctable. Sa libération n’est qu’une question de temps et, dès le début d’année 1945, les collaborateurs rochelais réfugiés sur l’île de Ré préparent déjà leur évacuation vers l’Espagne franquiste.
Et le 30 avril 1945, tout s’accélère avec un débarquement sur l’île voisine d’Oléron, qui sera libérée le 2 mai.
Dans la foulée, le colonel américain Schumaker mobilise un commando pour débarquer sur l’île de Ré, sans en avertir le commandement allié. Brandissant les drapeaux tricolores, les Rétais accueillent les troupes avec enthousiasme.
Mais, il n’en va pas de même pour le commandement allié. Craignant la réaction de l’occupant – 2 600 Allemands armés sont encore présents sur l’île de Ré – et de perdre sa confiance dans un contexte de négociations, il intime Schumaker et ses hommes de reprendre la mer. Ce qu’ils feront, le 8 mai.
Heureusement sans conséquence, ce débarquement sera suivi par la signature de l’acte de reddition, le lendemain.
Le 9 mai 1945, à 13h30, le bataillon de la Libération, dirigé par un marin Allemand pour éviter les chenaux non minés, accoste officiellement à Saint-Martin-de-Ré.
Après 5 ans d’occupation, les habitants peuvent déployer le drapeau tricolore. Pour de bon, cette fois.
* Propos recueillis dans « Histoire de l’île de Ré, des origines à nos jours », ouvrage ayant servi à la rédaction de cet article.
Crédits photo : Commission militaire nationale, service de presse Paris, Archives départementales de la Charente-Maritime 2Fi SAINT MARTIN DE RE 32_JPEG
À savoir
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