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« Les violences sexuelles n’ont pas de frontière »

Ce jeudi 26 octobre, de 20h à 22h, à la salle Vauban de Saint-Martin-de-Ré, la Communauté de communes accueille l’association Colosse aux pieds d’argile pour une conférence sur les violences sexuelles, le harcèlement et le bizutage en milieux éducatifs (sport, école…). Explications avec Florian Marolleau, l’animateur de cette soirée.

C’est l’histoire d’un ex-rugbyman, Sébastien Boueilh, victime de violences sexuelles dans son enfance qui, à l’âge de 30 ans, décide de briser le silence. En 2013, il créée l’association Colosses aux pieds d’argile. Son leitmotiv : faire de la sensibilisation sur les risques de pédocriminalité dans le milieu du sport et libérer la parole des victimes. Puis, au fil des années et des sollicitations reçues, l’association élargit son champ d’action au bizutage et au harcèlement sur, et en dehors des terrains de sport : écoles, monde du travail, etc.

Elle compte 37 salariés dont plusieurs chargés de mission qui interviennent sur l’ensemble du territoire national. En Nouvelle-Aquitaine, Florian Marolleau est l’un d’eux. Il donnera une conférence ce jeudi 26 octobre.

Quels sujets allez-vous aborder ?

Nous présenterons quelques infractions à caractère sexuel et donnerons des explications sur comment alerter, avec des solutions concrètes. Nous parlerons aussi de victimologie et de la manière dont l’agresseur verrouille la parole de sa victime. Ce sera avant tout une discussion avec les jeunes, les encadrants et les parents.

Pourquoi est-il nécessaire d’expliciter ce qu’on peut qualifier d’agression ?

Car ce que les jeunes, entre eux, qualifient de « jeu », n’a parfois rien d’amusant. Ils n’ont pas forcément conscience de la gravité de leurs actes et que ceux-ci sont condamnables. C’est pareil pour les faits dont ils peuvent être victimes.

Est-il possible de mesurer l’ampleur du phénomène ?

Une ancienne campagne du Conseil de l’Europe indique qu’un enfant sur 5 est ou a été victime de violences sexuelles. Elles n’ont pas de frontière, elles se rencontrent dans toutes les structures, dans toutes les classes sociales. Dans 94% des cas, elles sont commises par un proche.

C’est ce qui explique la difficile libération de la parole des victimes ?

Oui, en partie, car l’emprise de l’agresseur est énorme. La relation entre un coach et un joueur, ou entre un prof et un élève, est puissante et basée sur la confiance. On n’ose pas parler par peur de ne pas être crû, du « qu’en dira-t-on », voire de représailles : « si je parle, je vais perdre ma place sur le terrain ». On a du mal à se définir comme victime car l’agresseur essaye de nous culpabiliser.

Quels sont les signaux d’alerte à repérer ?

Cela passe par une baisse des performances sportives ou des notes à l’école, un changement de comportement brutal, etc. Ils ne témoignent pas forcément de violences sexuelles mais soulignent un mal-être chez l’enfant.

Que peut-on dire aux jeunes victimes d’agressions sexuelles ou de viols ?

Qu’il ne faut pas avoir peur de parler. Souvent, après nos interventions, des personnes viennent nous voir et nous racontent leur histoire. On leur dit qu’effectivement, elles sont victimes. On leur indique à qui parler, leur conseillons d’appeler « Allo enfance en danger » au 119 pour être accompagnées. Nous accompagnons aussi les victimes et procédons au signalement auprès des autorités compétentes. Au moins, la parole est libérée. C’est une première étape très importante et c’est ce que nous recherchons.